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Photo du rédacteurCaroline Lopez

La Chine : le grand ras-le-bol (de riz)

Dernière mise à jour : 4 août 2021

La Chine a réellement été le pays de nos premières avaries de voyageurs et grandes  incompréhensions d’européens. Comme vous l’aurez remarqué dans le titre, cet article va parler beaucoup de galères et un petit peu de cuisine.


Tout d’abord, avant même d’arriver, galères avec l’achat du visa chinois. On dépose les dossiers et on revient les chercher le matin du départ au consulat chinois à Kathmandu. On se présente au guichet. Les visas sont accordés, nous sommes sur le point de payer quand la dame nous apprend que le seul moyen de règlement n’est ni la carte bleue, ni l’Euro, ni la Roupie népalaise, ni le Yuan chinois mais le Dollar ! LE DOLLAR ! Nous n’avons pas de dollar sur nous, les banques népalaises n’en donnent pas aux étrangers, le consulat ferme dans une heure et notre avion décolle dans 4 heures… Départ en trombe pour le contre ville afin de trouver un bureau de change qui nous transforme nos roupies en dollars. De retour au pas de course au consulat, nos Dollars en poche, on peut enfin régler nos visas. Et heureusement qu’on avait prévu large car le consulat se permet de rajouter au montant de vos visas environ 10 $ par personne de frais de dossier…

Toujours avant d’arriver, nous avons également été pris pour des jambons par China Eastern, la compagnie aérienne qui nous a emmenés de Kathmandu à Kunming. Aucune indication de poids de bagages à l’achat des billets et en fouillant sur leur site nous trouvons que nous avions droit à deux fois 20 kg de bagages chacun. Arrivés à l’enregistrement, un règlement tombé du ciel nous informe que nous n’avions droit finalement qu’à 20 kg par personne… Le personnel en charge de l’arnaque nous « offre » quelques kilos supplémentaire – grand seigneur – et nous colle 300 € de supplément à nos billets déjà indécemment chers pour 2h 50 de vol. Au final, 840 € pour sauter, à notre grand regret, le Tibet. Ca fait cher le sacrifice.

Arrivés à l’aéroport, en retard, crevés, chargés comme des mules, un taxi illégal (ça on le savait pas) nous embarque pour le centre ville, nous fait payer le double du tarif normal pour finalement nous laisser à 1 km de notre hôtel, après avoir copieusement incendié la pauvre (et adorable) responsable de l’hôtel par téléphone car il ne trouvait pas. On nous avait dit que les Chinois se distinguaient par ces qualités que sont la maitrise de soi, le stoïcisme et un sens de la dignité exemplaires. Sur cette première expérience, on a été surpris.

C’est ensuite notre premier souci de santé, un peu plus sérieux que les précédents, qui est apparu. Des rougeurs, douleurs et démangeaisons sur les mains. On a tout de suite paniqué en pensant avoir attrapé la gale ou une cochonnerie dans le genre. Une consultation s’impose. En Chine, il n’existe pas de médecin de quartier mais des hôpitaux dans lesquels consulter. Nous nous rendons donc à la très chic clinique internationale de Kunming où le médecin nous diagnostique des engelures, mais sans certitude. A surveiller donc. On aurait donc pris froid aux mains dans les Annapurnas. C’est possible et même si ça risque d’être très contraignant pour l’avenir, c’est plus rassurant qu’une invasion parasitaire.

Dans le Yunnan, sauf cas rares, personne ne parle anglais. C’est d’ailleurs assez paradoxal ces gens qui nous regardent bizarrement car nous ne leur ressemblons pas mais qui nous abordent très confiants d’une longue tirade en chinois. Bien sûr, nous ne comprenons rien à ce qu’ils nous racontent. Cela les étonne beaucoup… Et les fait très longuement marrer… Mais les plus perspicaces d’entre eux ont la solution ! Pas de problème, ils sortent un papier ou leur téléphone, et ce qu’il nous disent, ils nous l’écrivent… En idéogrammes chinois. Ah oui, tout de suite, on comprend mieux !

L’après-midi même, grosse gamelle. C’est Caroline. Descente, nid de poule, grosse secousse, sac Brompton à l’avant éjecté, déstabilisation du vélo, c’est la chute. Résultat : une petite blessure au tibia, des égratignures au genou, un choc dans la paume de la main et un casque à changer. Ici encore, nous avons pu vérifier ce que nous avaient confié les spécialistes de la culture chinoise. En position de détresse, sur le bord de la route, blessé, le vélo n’étant pas le meilleur moyen de transport en cas d’urgence, les conducteurs qui passent par là font l’écart nécessaire pour ne pas vous écraser et continuent leur route. Ce serait ça, entre autres, le Taoisme. Si vous êtes dans la merde, on ne viendra pas vous aider à en sortir. Le » wúwéi », le non-agir, pour que les hommes s’auto-organisent de la manière la plus harmonieuse possible. Je crois qu’il va nous falloir encore un certain temps pour nous y faire.

Grosse crise de larmes. Insulte des routes, des cailloux, des arbres, des ptits oiseaux. Mais plus de peur que de mal, on se remet vite en selle. Le soir, une jolie surprise issue de la chute nous attend : l’explosion de la brique de lait dans le sac qui s’est donc répandu partout (d’autant plus rageant que le lait est un produit de luxe en Chine qu’on s’offre difficilement ! ), cabossage de la popote, abrasion du sac. Désespoir. Ca ira mieux demain.

Nous avons appris qu’il n’était possible de conduire en Chine que seulement en possession d’un permis chinois. Et nous avons rapidement compris pourquoi. En fait, la conduite chinoise est une pratique très spéciale où tout usager respectant un tantinet le code de la route, tel que nous le connaissons, fera tout à contre-courant de la méthode locale. Nous avons mis en place ce petit QCM en 4 questions pour tester votre éligibilité à l’obtention du précieux sésame (grillé).

ndlr : toutes les situations évoquées sont issues de notre propre expérience en Chine

Question 1 :

Je souhaite tourner à droite. Un cycliste qui continue tout droit est engagé à ma hauteur :

  1. Je ralentis et lui cède la priorité

  2. Je pile et klaxonne

  3. Je klaxonne et je passe en lui faisant une queue de poisson quitte à le tuer

Question 2 :

Le véhicule devant moi me gêne. Deux cyclistes arrivent en face :

  1. J’attends quelques secondes afin d’exécuter mon dépassement en toute sécurité

  2. Je klaxonne frénétiquement

  3. Je double immédiatement en klaxonnant, frôlant les cyclistes, quitte à les tuer

Question 3 :

Le feu passe au rouge :

  1. Je m’arrête

  2. J’accélère et je passe

  3. Je passe à allure normale, de toute façon je n’ai même pas vu le feu

Question 4 :

Au volant, la pratique intensive du « white watching » (explications dans l’article sur le Népal) quittant ainsi longuement les yeux de la route est une attitude garantissant la sécurité des usagers :

  1. Oui

  2. Non

Si vous avez répondu C, C, C et A, félicitations, vous pourriez être un parfait automobiliste chinois.

En Chine, nous affrontons notre vrai premier gros problème mécanique. Le moyeu Shimano d’Anthony s’est grippé. Après vérification, il diagnostique un roulement usé, hors d’usage. Il faut changer le moyeu. En plein nouvel an chinois où tout le monde est en vacances pour une bonne semaine, il est impossible de trouver une solution. En direction de la frontière avec le Laos et n’ayant plus que 2 semaines de visa, nous décidons à contre-coeur de retourner à Kunming et prendre des billets d’avion pour Bangkok, où nous irons le faire réparer.

La route en Chine, comme nous vous le disions, est quelque chose d’épique. Mais pas seulement en tant que cycliste. Prendre le bus relève aussi d’une expérience à part entière. En effet, pas mal de chauffeurs de bus semblent avoir eu leur permis de conduire dans des fortune cookies (vous savez, ces gâteaux chinatowniens avec un petit papier surprise à l’intérieur). Le  chauffeur de notre dernier voyage retour à Kunming a été des plus gratinés. Il klaxonnait à tort et à travers, frappé d’impulsions façon Gilles de la Tourette. Il ne supportait pas qu’on le double et si tel était le cas, il redoublait par la droite fixant le conducteur en klaxonnant. Intéressant sens des responsabilités quand vous avez 40 personnes à bord. Nous l’avons vu même klaxonner un insecte qui a eu l’audace de venir s’écraser sur le pare-brise…

Par ailleurs, Jacky Tourette, c’est ainsi que nous le nommerons, ne supportait pas que je retire mes chaussures à bord pour me mettre à l’aise. Il faisait de grands mouvements de bras, doigts serrés, comme on chasserait une mouche, pour me les faire remettre. Par contre, cela ne lui posait pas de problème de fumer, téléphoner et envoyer des sms en conduisant. Tout comme ouvrir les portes du bus en pleine nature pour permettre aux passagers de jeter leurs ordures dans le décor. A en voir certains bas-côtés, on croirait parfois circuler dans une décharge publique. Grande performance collaborative. A celui qui en balancera le plus par la fenêtre ! En contraste, les villes sont d’une propreté saisissante. Poubelles en nombre ET utilisées, trottoirs balayés et lessivés.

Point d’orgue de cet article, s’il vous plaît : Les toilettes ! Le vrai grand choc en Chine. Accrochez-vous. Les sanitaires collectifs aussi bien pour hommes que pour femmes, se résument parfois à une pièce (anciennement) blanche, à l’odeur putride, carrelée du sol au plafond avec en son centre une rigole ponctuée de murets de 80 cm de haut. Votre toilette c’est l’espace entre deux murets. Votre chasse d’eau c’est la légère pente de la rigole. Votre sens de la déduction atténuera votre sort en vous plaçant stratégiquement à l’opposé de la bonde d’évacuation. Bien sûr, pas de portes. Et quand bien même, quand des portes existent, certaines jugent opportun de les tenir ouvertes. Avec un peu de chance, vous pourrez assister à une remarquable leçon d’anatomie féminine.

Une grosse tendance au gaspillage nous a également surpris. D’abord alimentaire. Dans les restaurants, les gens repartent avec des table encore remplies de mets à peine entamés. Les Chinois mangent en partageant un grand nombre de plats disposés au centre de la table. Cela afin de respecter une certaine harmonie dans le repas, basée sur le chaud/froid, les textures et surtout, les saveurs. C’est génial pour goûter à plein de choses. Oui mais voilà, à table, il est important de montrer aux voisins et aux convives que l’on est riche et généreux. Du coup, on commande à manger en surabondance, si bien, qu’une fois le repas fini, il en reste souvent la moitié pour la poubelle. Ce sont les explications données par une jeune fille chinoise qui parlait bien anglais – la seule personne avec qui nous avons réellement discuté en 4 semaines – à qui nous avons fait part de nos interrogations sur ce grand gaspillage.

Le suremballage est également quelque chose de très présent en Chine. Déjà, la tradition veut que tout soit impeccable à table et du coup, votre vaisselle vous attend à table intégralement conditionnée dans du plastique. Tous les aliments industriels sont également couverts de couches et des couches d’emballage. Le schéma le plus courant étant les gâteaux dont la boite en carton renferme un emballage plastique renfermant encore un emballage plastique conditionnant individuellement le petit gâteau cuit dans un moule en alu… Waow, tout ça. Un ptit déj et vous avez un mètre cube d’emballage qui finira probablement brûlé dans l’incinérateur de fortune à ciel ouvert du coin. Dans la rue, auprès des vendeurs ambulants, y’a moins de plastique, c’est moins cher et meilleur ! On prend vite le pli !

Pour en revenir aux signes extérieurs de richesse, une autre tendance chinoise veut que vous ayez une voiture énorme avec coffre apparent. Le coffre apparent c’est vraiment TROP LA CLASSE. Du coup, les constructeurs européens présents sur le marché chinois ont redesigné leurs modèles que nous connaissons en les allongeant, les élargissant, et surtout, marquant clairement la différence entre la lunette arrière et la partie réservée au transport des bagages.

Mais les plus belles surprises que nous a réservé la Chine étaient quotidiennes, et elles se trouvaient au bout de nos baguettes ! La cuisine chinoise est d’un équilibre absolu et parfois vous n’avez pas à débourser plus de 3 € pour vous régaler à deux. Même à tout petit budget et en vous approvisionnant après des cuisiniers de rue, c’est super bon. Même en choisissant votre restaurant au hasard, c’est toujours frais et extrêmement goûteux.En France, ce serait un pari osé que rentrer dans le premier restaurant bon marché  venu en espérant en sortir satisfaits, rassasiés de corps et d’esprit. En Chine c’est systématique, et c’est un vrai bonheur !

La plupart des restaurants exposent leur marchandise crue, dans la rue ou derrière des frigos vitrés si bien qu’il est aisé de pointer du doigt ce que vous voulez manger si vous ne parlez/lisez pas le chinois. Vous montrez les ingrédients qui vous font envie et en cuisine on se charge de les préparer sous différentes formes (soupe, friture, poêlée…) pour composer un menu suivant cette même harmonie. Hummm, les aubergines asiatiques ! Rien de comparables avec les éponges caoutchouteuses  qu’on trouve chez nous. Ici, elles sont naturellement fondantes et tellement goûteuses sous toutes leurs formes !

Une chose assez amusante à voir et à faire soi-même, dans les restaurants, les gens jettent leurs déchets au sol : emballage de la vaisselles, mégots, os, serviettes sales… En vous laissant imaginer le bazar à la fin du service.

La cuisine ouïgour (ethnie chinoise musulmane) est également délicieuse. On a goûté à une spécialité de boeuf froid trempé dans une sauce un peu sucrée, parfumée, onctueuse, avec un petit goût de sésame. Succulent. D’ailleurs, si l’un d’entre vous reconnait ce plat délicieux et connait son nom, nous serions heureux de le connaitre !

Il existe aussi des petites échoppes spécialisées en petits pains fourrés, cuits à la vapeur. Renfermant une préparation à base de viande, légumes, champignons parfumés, ou version sucrée à la cacahuète, c’est délicieux et ça constitue un repas de cyclo-voyageur idéal : pratique à manger, bien nourrissant, peu cher et très digeste !

Conscience écologique, conduite, empathie, codes sociaux… Notre immersion dans ce monde à part qu’est la Chine nous a permis de prendre du recul avec notre culture occidentale. Ce qui y fonctionne moins bien mais aussi ce qui y fonctionne mieux. Parce que s’il y a une chose de sûre c’est que la Chine peut-être fière de son patrimoine culinaire et surtout de ceux qui le font perdurer avec honnêteté, passion et savoir-faire ! Définitivement.

Caroline

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Entre Kunming et Shilin – Chine


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“Stone Forest”, formations karstiques – Shilin – Chine


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“Stone Forest”, formations karstiques – Shilin – Chine


“Stone Forest”, formations karstiques – Shilin – Chine


Véritable arbre made in China – “Stone Forest” – Shilin – Chine



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Local poubelle-incinérateur, entre Shilin et Mile – Chine


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Entre Shilin et Mile – Chine


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Lijiang – Chine


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Petit garçon dans un panier – Lijiang – Chine


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Spring Festival, Lijiang – Chine


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Réconfort, Dali – Chine


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Dali – Chine


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Nourrir Dali – Chine


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Attendre les parents, Dali – Chine


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